Inspiration #1 Interview de Philippe Breton - Massaï Concept
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Inspiration #1 Interview de Philippe Breton

Inspiration #1 Interview de Philippe Breton

Pour ce premier article nous vous donnons rendez-vous avec Philippe Breton qui nous livre son regard sur la crise que nos entreprises traversent.

Quels sont les défis actuels, futurs et comment les relever?

Vous découvrirez aussi les enseignements qu’il nous propose pour construire un « demain meilleur ».

 

Bonjour Philippe Breton, avant de débuter l’interview, pouvez- vous vous présenter et présenter l’OTECI, votre rôle?

J’ai occupé plusieurs fonctions dans un grand groupe bancaire, puis j’ai rejoint l’association OTECI en 2012. J’occupe depuis 5 ans la fonction d’Administrateur de Président du Comité Ethique.

OTECI a été créée en 1979, elle est composée dans l’hexagone de 250 membres, anciens cadres dirigeants ou cadres supérieurs provenant de divers horizons professionnels. Nous intervenons dans 2 grands domaines :

  • Faciliter l’insertion professionnelle des futurs ingénieurs (grandes école et universités) en mettant à disposition des nouveaux diplômés plusieurs ateliers pour les aider dans leur recherche d’emploi. Ces ateliers, souvent RH, ont plusieurs thématiques comme la simulation d’entretiens d’embauche, le pitch de présentation en 3 minutes, le décryptage des annonces d’emploi, la lettre de motivation et le CV, la négociation de sa rémunération à l’embauche, Etc …. Nous accompagnons aussi les étudiants dans la construction de leur projet professionnel. […]Par exemple, actuellement nous faisons une intervention à distance, compte tenu du confinement, avec les étudiants de l’université d’Ivry sur la thématique des lettres de motivation et CV.  Nous sommes heureux de maintenir ainsi un lien avec les étudiants !
  • Notre deuxième mission est d’accompagner les entreprises, y compris les start-up,  dans leur création, leur organisation, leur recrutement et leur développement. Nos expertises s’articulent autour de la finance, la gestion notamment l’élaboration des business plans, les Ressources Humaines, le marketing, le développement commercial et la production.

Notre ADN repose donc sur la transmission et le partage des connaissances, des savoirs et des expériences de nos adhérents […]

1)    Philippe Breton, quel est votre regard sur la crise traversée par nos entreprises ? Qu’observez vous? 

La situation est très particulière, dans notre monde d’innovations permanentes, de nouvelles technologies , d’Intelligence Artificielle… c’est un petit virus, par nature invisible, qui met le monde par terre. Il interpelle toutes nos certitudes !

« C’est un petit virus, par nature invisible, qui met le monde par terre. Il interpelle toutes nos certitudes ! »

Pour les entreprises, de mon point de vue elles ont 2 priorités à relever actuellement :

  • Protéger le personnel. Les salariés qui travaillent aujourd’hui sont tiraillés entre aller au travail ou rester chez eux de peur d’être contaminés.
  • Maintenir les compétences au sein des entreprises.  En effet, si elles s’arrêtent totalement, il sera difficile de les remettre rapidement en marche en sortie de crise.

Les entreprises vont devoir faire face à des défis supplémentaires au moment du retour à la normale : renouer les liens avec les clients, les fournisseurs, gérer les priorités dans certains cas avec moins de personnel…

2)     Quels sont pour vous les défis auxquels les entreprises vont être confrontées au retour à la normale?

« Il faut repenser les stratégies de l’entreprise: les stratégies RH / financière et organisationnelles. Celles qui ont été mises en place sont caduques »

[…] Pour moi les entreprises vont être confrontées à 4 grands défis lors du retour à la normale :

  •   Re-mobiliser le personnel qui aura été marqué par cette période. Chacun ayant vécu de manières différentes le confinement. Il faudra retrouver une cohésion […].
  •   Garder un lien entre les fournisseurs et les clients alors que tous auront été abimés par la crise […]
  •   Gérer la longueur de la période de reprise qui sera différente selon les secteurs, rapide pour les divertissements, loisirs, restauration. Alors que la reprise sera longue pour l’industrie de bien durable[…]
  •   Repenser les stratégies de l’entreprise: les stratégies RH / financière et organisationnelles. Celles qui ont été mises en place sont caduques. Il faudra aussi former les collaborateurs et les accompagner dans les changements suite aux réorganisations (télétravail…)[…]

3) Avez-vous une belle initiative d’un de vos clients à nous partager Philippe Breton ?

Il y a beaucoup de belles initiatives en ce moment.

Ce qui m’épate le plus ce sont ces partenariats improbables, #PSA, #Valeo, #SchneiderElectric, #Airliquide qui travaillent ensemble alors qu’ils n’en avaient pas la nécessité économique. Ces entreprises ont uni leurs forces pour rendre service aux personnels soignants en fabricant des appareils respiratoires.

Nous sommes en présence d’un partenariat de solidarité au-delà de toutes considérations économiques. Bravo aux entreprises qui se serrent la main et les coudes en faveur d’une cause humanitaire.

Je suis aussi épaté par la solidarité qui se crée aujourd’hui dans la société. Quelle imagination !

Des élans de solidarité magnifiques de la part d’entreprises, de bénévoles, de particuliers, d’associations qui ont su détourner leurs activités principales pour inventer de nouveaux circuits en faveur de filières médicales dans le besoin.

« L’imagination n’a pas de limites dès lors que l’envie et la motivation nous animent »

4)     Pour vous, qu’est ce que la crise doit faire changer dans la stratégie de nos entreprises? 

[…] Nos entreprises doivent modifier 3 points majeurs dans leur stratégie suite à la crise:

  • Il faut penser rélocalisation ! Nous le voyons bien, les entreprises sont beaucoup trop dépendantes de la Chine. Relocaliser oui, c’est indéniable mais avec une baisse des charges. Les charges patronales doivent baisser pour que notre outil de production redevienne compétitif.[…]
  • Les entreprises vont devoir aussi s’investir dans la « RSE » (Responsabilité Sociétale et Environnementale). Cette orientation est indispensable. Un exemple : la meilleure qualité de l’air est une conséquence positive du confinement.
  •  Le seul objectif de l’entreprise aujourd’hui ne peut pas être que « profit ». C’est aussi s’intéresser aux conditions de travail. Les conditions de travail, le bien-être au travail, c’est aussi primordial pour le personnel. Cela permet à l’entreprise de maintenir les talents et les compétences en son sein et d’en attirer d’autres. […] Il est important pour le salarié de trouver dans son organisation professionnelle un équilibre travail/vie personnelle qui lui convienne et lui permette de s’épanouir.

En résumé j’invite les chefs d’entreprises à réfléchir avec leurs salariés à de nouvelles pistes tournées vers la relocalisation, la RSE et le bien-être du personnel.

5)     De votre point Philippe Breton de vue quels sont les enseignements pour demain? 

Un enseignement important est qu’il faut une meilleure coordination entre les politiques, l’administration en général et le monde de l’entreprise.

L’exemple des masques est patent : ne plus centraliser leur gestion au niveau de l’état mais confier les commandes aux niveaux des hôpitaux, des collectivités ou des entreprises, n’est pas la bonne solution. L’état doit assumer des missions « régaliennes ».

Un autre point est de mettre en avant la créativité. […] . Par exemple, la créativité au sujet de la chloroquine. Je ne suis pas apte à juger si son usage est bon ou pas pour les malades, mais nous sommes en présence d’un médecin qui dit « j’ai peut être une solution ». Ecoutons le !

Parce ce que la doctrine veut que les essais sur les futurs médicaments durent plus d’un an et soient étendus à un grand nombre de patients avant de savoir s’ils sont efficaces et de les mettre sur le marché. Et lui dit « non non » moi j’ai des expériences sur un petit nombre de patients et « çà marche ».[…]

Je ne dis pas que ce professeur a raison, mais en tout cas, il fait preuve de créativité. Il sort du modèle traditionnel.

Conclusion :

En tant qu’ancien déontologue je voudrais évoquer 2 points essentiels :

La Liberté. La liberté oui mais pas sans conditions, pas au détriment d’autrui. Il ne faut pas par son comportement irréfléchi mettre en danger  la vie les autres. Au début du confinement, des personnes ne respectaient pas les consignes de sécurité, en sortant, en se regroupant. Sans doute ont-elles propagé le virus ! Ma liberté a des limites.

L’Ethique. Dans ces périodes difficiles des personnes contournent la loi, les consignes. […] (vol de masques/escroquerie …).

De plus la crise d’aujourd’hui révèle aussi des disparités. Que fait l’élève qui aujourd’hui n’a pas d’ordinateur chez lui ou qui est en zone blanche ? […] il va être déconnecté et accumuler du retard dans sa scolarité. […] Le fossé se creuse encore.

En synthèse, et c’est un ancien banquier qui vous parle, il faut sans doute mettre un peu de côté la mondialisation, le profit. Il faut revenir à des valeurs fondamentales. Trouver des chemins intermédiaires afin de concilier changement économique et retour à des valeurs plus humaines.

« Il faut sans doute mettre un peu de côté la mondialisation, le profit. Il faut revenir à des valeurs fondamentales »

Le Comité Ethique d’OTECI a mis en avant certaines valeurs comme : la solidarité intergénérationnelle, le partage, l’engagement, la convivialité. Je souhaite qu’elles soient portées au-delà de notre association.

Espérons que les conditions sanitaires s’améliorent rapidement et que la reprise économique soit forte.

Philippe Breton Texier

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